Luka [en cours, TH]

Beuh, ma pov'.
Allez, j'ten mets une dernière quand même.

Je v'nais à peine de sortir de mon ascenseur qu'mon portable vibra. Je souris au numéro qui s'affichait.
- Oui.
- Luka, tu peux pas faire ça.
- Bill...
- Je sais pas quand j'pourrais rev'nir en France, j'ai pas l'droit d't'imposer l'attente.
- Bill...
- Ca m'touche que tu m'dises ça, mais ça s'rait...
- Tais-toi !
Silence à l'autre bout du fil.
- C'est bon, Bill, c'est arrangé...
- Non, t'as pas à...
- ... J'viens en Allemagne !
Re-silence. Bill obéissait à la loi du tout ou rien aujourd'hui : soit il débitait sans m'laisser la possibilité d'en placer une, soit il disait plus rien.
- Bill ? T'es mort ?
- J'ai bien entendu ?
- Oui.
- Tu peux v'nir ?
- Oui.
Il se marrait tout seul, du coup, ça m'fit rire aussi.
- Luka, c'est génial... J'suis soulagé, là...
- Moi aussi. J'pars dans deux semaines.
- J's'rais en vacances, on pourra s'voir comme on veut.
- J'ai hâte...
- Pas autant qu'moi...

Ouuuuuuuh <333333
J'aime les histoires d'amour, quand c'toi qui les raconte <3

Les s'maines me parurent longues.
Non, c'est un euphémisme. J'avais jamais autant regardé ma montre pour savoir quand les journées allaient finir.
J'avais réfléchi longtemps, après avoir raccroché.
Sur moi.
Sur lui.
Sur c'qu'on f'sait et c'qu'on pourrait dev'nir.
Rock star et fille de l'ombre. J'trouvais que ça f'sait une drôle de paire. Un peu comme dans ces histoires un peu trop romantiques qui font rêver les filles en mal d'amour.
Lui, il avait tout. La passion, le rêve, le charisme, la célébrité, l'angélisme... Si vous connaissez pas c'mot, c'est p't'être normal, moi, j'le connaissais pas non plus avant. Même pas sûre qu'il existe. Mais il lui va comme un gant.
Moi aussi, j'avais des choses. Moins. Et moins gaies. Le désespoir, la colère et la culpabilité.
Où est-ce qu'on allait ? J'sais pas. Mais on y allait ensemble. L'obscurité, ça fait moins peur, à deux.
J'avais beaucoup réfléchi, tellement que j'aurais pu m'choper un mal de crâne. J'ai arrêté juste à temps.
La conclusion, elle m'est apparue tout à fait claire.
Si mon étoile là-haut, elle était plus solitaire, alors j'avais p't'être plus à l'être encore.
L'évidence.
Logique suprême qui m'a transpercée. J'en aurais pleuré si j'avais pas été moi.
J'crois que j'l'aime.
J'lui dirais pas.
J'me le suis d'jà avoué, c'est pas mal. Sur c'coup, j'suis assez fière de moi.
On va pas trop vite, on profite.
J'l'aime.
Ouais.
C'est sûr.
Parce que j'ai plus envie d'me mentir.
Ni envie de m'embourber toute seule.
Je l'aime.

Mon Dieu, je suis au paradis *_*
Aaah j'vais bien dormiiiiiiiiiiiiiir =D
Merci beaucoup j'aimeuh !
Eh tu sais que même si Harmo est couchée, moi j'suis là hein (A). En plus elle elle la connait déjà, moi pas.

Brephe la suiiiiiiiiiiiite !

Hé ma Vie...Tu m'shoote encore un peu ce soir, s'il te plait ? <3

Désolée, mes chéries, je n'ai pas pu venir avant ce soir ^^ Suite pour vous, même si z'êtes pas là...

Les deux s'maines avaient fini par passer. Le vendredi soir, jour de mon départ, je fis ma valise. Ou plutôt, j'vidai mon placard dedans.
J'avais pas énormément de vêtements. Pour la plupart noirs ou militaires, blanc, à la rigueur, ils arboraient clous, chaînes et déchirures. Ajoutés à mes ceintures, casquettes, gants et autres manchons, je réussis quand même à remplir deux valises. Dans la plus grosse, j'calai tant bien qu'mal ma trousse de bijoux. Dedans, y avait tous mes trésors : bagues, chaînes, colliers, bracelets et bien sûr piercings, j'y t'nais comme pas possible. Voilà où se trouvait l'argent des gentils passants.
Mes bagages bouclés, j'fermai les cartons que mes parents m'enverraient plus tard. C'étaient mes affaires personnelles : ma chaîne hi-fi, mes bouquins, mon ordinateur. Autant de choses qui m'étaient plus ou moins utiles, mais dont j'pouvais pas m'séparer.
Ma chambre faisait vide, avec ses meubles nus. Image étrange quand j'pensais qu'mon coeur, lui, se remplissait un peu plus chaqu'jour. Ces choses matérielles sensées m'appartenir et dont je n'avais que faire. Elles étaient surtout là pour qu'mes parents se rassurent et croient que leur fille était pas si étrange que ça.
C'qui m'faisait le plus chier d'laisser derrière moi, j'pouvais pas l'emmener. J'devais dire au r'voir à mon bout d'ciel, mes étoiles et mon fauteuil qui veillait en d'ssous. Mais c'était pour dire bonjour à une nouvelle vie.
- Tu es prête ?
Je me redressai et acquiesçai. Mon père croisa les bras.
- Toujours sûre de vouloir y aller ?
- Oui.
Oui, je suis toujours sûre de vouloir tout quitter pour un mec que je connais que depuis même pas trois mois.
Mais bon, y a pas grand chose que j'regrette d'abandonner, vu que So' vient avec moi.
- On part dans une demi-heure.
- OK. J'prends une douche et j's'rais prête à l'heure.
Il hocha la tête et quitta ma chambre en refermant derrière lui.
Sans un mot.
Mon géniteur se fichait pas mal de mon sort, maintenant que j'étais plus dépendante de lui.
Tant mieux.
Une douche et trent'-cinq minutes de voiture plus tard, j'me r'trouvais à l'aéroport. So' m'attendait à l'embarquement.
On allait être logées dans deux appart' voisins, à Hambourg. On avait eu aucun mal à choisir : So' était persuadée qu'on crois'rait les TokioHotel au moins une fois si on allait dans cette ville. Si elle savait... J'lui ai toujours pas dit. J'sais pas pourquoi, mais j'y arrive pas. Et j'avais pas envie d'y réfléchir.
Une bise de circonstance à mes parents, qui devaient faire bonne figure devant les autres passagers, et j'embarquai.
So' a peur en avion. Du coup, elle se shoote aux somnifères pour être tranquille. Moi, mon MP3 vissé aux oreilles, j'me laissais bercer par la voix de Bill.
Je vole vers toi, mon ange.
J'avais pas r'gardé la durée d'vol. Peut-être une heure. C'était la première fois que j'quittais la France depuis longtemps. J'voyageais beaucoup quand j'étais plus p'tite. Mais depuis que c'était pas la joie avec mes parents, j'restai cloitrée à Paris.
Les yeux fermés, une voix divine dans les veines, j'laissais mes pensées vagabonder tranquillement.
Y avait quelque chose qui clochait chez moi, ces derniers mois. On pouvait dire que Bill m'avait sacrément changée. Même si j'étais plus aussi désespérée, j'retrouvais peu à peu d'la chaleur dans l'ère glaciaire qui m'entourait.
J'm'étais enfermée dans une bulle opaque, bien à l'abri des autres. Y avait que So' qu'avait un laissez-passer, mais c'était pas souvent que j'l'autorisais à l'utiliser.
Là, Bill avait carrément forcé l'passage. Et il l'avait laissé ouvert.
J'revenais un peu à la réalité et l'monde extérieur, j'recommençai à l'prendre en compte. Voir même à faire attention aux sentiments des personnes à qui j'tenais.
So' m'avait sauvée de ma dérive en m'remontant sur la berge.
Bill m'avait relevée et aidée à marcher.

Mais si j'suis là moi ! =D je liiis !

Bon ben, t'veux que j'dis quoi d'plus ? La suite hein ! J'adore tout simplement !
Les 2 dernière phrases sont sublimes =]
[L]

- Mademoiselle...
J'ouvris les yeux. Une hôtesse était penchée sur moi et me souriait. J'retirai mes écouteurs.
- Nous allons bientôt atterir, il faudrait réveiller votre amie.
- D'accord.
Elle s'éloigna et je secouai So'. Elle émergea difficilement.
- Quoi... ?
- On arrive.
- Déjà ?
- Enfin, tu veux dire...
Non, non, c'est pas vrai, j'comptais pas les minutes...
L'avion se posa sans encombres, contrairement aux craintes de So'.
Débarquement, reprise des bagages, je planais. J'avais rien sniffé pourtant. A part l'air d'Allemagne, chargé de la célébrité d'mon chanteur.
Dans la file d'attente pour récupérer mes valises, j'patientai juste à côté d'une affiche du groupe. Quelle torture...
Je souris en m'disant qu'il était tellement plus magnifique sous une douche et rallumai mon portable. Il vibra presqu'aussitôt. Message.
"Bill : T'as pas une envie pressante... ?"

Je fronçai les sourcils avec un sourire. J'étais pas sûre de comprendre. Mais j'tentai quand même :
- So', 'faut qu'j'aille aux chiottes. Prends ma valise si j'suis pas rev'nue.
- T'es obligée d'y aller, maintenant ?
- Ouais, désolée.
- Bon, ok, mais grouille.
'Faudrait vraiment que j'me décide à lui parler, So'. J'aime pas avoir à lui cacher ça.
Parce qu'elle sait tout c'qui m'arrive de bien. Même si c'est pas souvent. Mon passé, elle l'a deviné. J'crois que même si j'lui racontais tout moi-même, ça changerait pas grand chose. Elle sait. J'sais pas comment, mais elle sait. Et ça nous suffit.
J'm'éclipsai et me frayai un chemin vers les toilettes les plus proches. Poussant la porte, j'restai plantée. Hommes ou femmes ? T'façons, y avait personne. Et puis, comment il aurait pu savoir que j'viendrais dans celles-là ?
Retenant un soupir, j'me disais que c'était pas si grave et que j'finirais bien par le voir aujourd'hui puisqu'après tout, c'était pour ça que j'étais v'nue, et bifurquai vers les femmes.
Et mon coeur fit un bond.
Dans le couloir, adossé au mur, un ange s'était posé.
Un ange qui me souriait.
- Bonsoir, Luka.
En français.
Temps d'réaliser. Oui, c'était bien lui. Il était bien là.
J'perdis toute retenue, que la honte ne m'accable pas, et me précipitai vers lui. Dans ses bras. Il me serra fort. Très fort.
P'tain, qu'est-ce que ça f'sait du bien de l'revoir...
Ses bras autour de moi, ses lèvres sur les miennes... Ca paraîtra stupide, mais j'l'ai avais pas eus pendant deux semaines et ça m'avait trop manqué.
Deux s'maines, c'est quoi dans une vie ? Que dalle. Mais ça m'avait paru une éternité.
- T'aurais pas dû v'nir, c'est pas prudent, soufflai-je.
- J'avais trop envie de t'voir...
Dis, Bill, tu veux m'faire fondre... ?
Cinq minutes volées et j'm'écartai de lui avec une volonté bancale.
- 'Faut qu'j'y aille, sinon So' va s'inquiéter.
Il regarda sa montre.
- Moi aussi. J'suis pas sûr que Tom puisse faire diversion encore longtemps.
- Ah... ? Quel timing, tu t'es super bien organisé...
- Et ouais, j'ai été agent secret dans une aut' vie.
Sourire de gamin. Adorable.
Dernier baiser et j'sortis la première.
Coeur chaviré.
So' v'nait de r'prendre ma valise.
- T'en as mis du temps !
- Pas assez, oui...
Je souris.
Elle avait pas compris.
T'en fais pas, So'. J'te dirais tout. Mais plus tard.
Là, 'faut juste que j'grave tout ça dans l'éternité.

Rhoooo merde, nan mais j'veux le même Bill, là...
J'veux pas aller en cours demain, j'voudrais rester chez moi à lire tes oeuvres toute la journée, ma Vie...

Ca m'fait penser qu'moi non plus j'veux pas r'tourner en cours, y'a trop de fic planantes à lire !

Nos logeurs pouvaient pas v'nir nous récupérer, nous et une autre fille. Du coup, on s'tapait l'accompagnatrice du bahut. Trop mortel.
Bref, c'est en taxi qu'on rejoignait notre immeuble, en plein centre de Hambourg. J'étais trois étages au-d'ssus de So'. C'est elle qui fut d'abord déposée : elle s'retrouvait chez une vieille retraitée, apparemment super-gentille.
Après promesse de s'retrouver dans l'après-midi, elle disparut dans l'appartement.
Dans l'ascenseur, mon accompagnatrice essaya d'me faire la conversation. Merci, m'dame, mais j'ai trop d'choses en tête, beaucoup plus agréables, pour te taper la discute.
Trois étages plus tard, elle avait abandonné et se dirigeait directement vers une des quatre portes de ce palier. Elle sonna et attendit. Pas de réponse. Elle ressonna et comme ça répondait toujours pas, elle s'mit à frapper en appelant un certain Mr.Bergmann. Chez un mec ? Et bah, ça promets... Surtout qu'la pauvre femme avait beau s'acharner sur la porte, y avait personne dans ce foutu appart'.
J'soupirai au moment où la porte s'ouvrait sur un mec qui d'vait avoir légèrement dépassé la vingtaine, ébouriffé et les yeux encore gonflés de sommeil. Mon accompagnatrice sembla au paroxysme du soulagement.
- Niklaus Bergmann ?, demanda-t-elle.
- Ja..., répondit l'autre d'une voix ensommeillée.
- Je suis la représentante de vos correspondants français. Je vous amène Luka.
- Luka ?
Il tourna son regard vers moi et, après quelques battements de paupières, se r'tourna vers la femme pour d'mander dans un anglais joliment accentué :
- C'est qui ? Pourquoi vous m'l'amenez ?
L'accompagnatrice resta interloquée. Moi, j'restai dubitative.
C'était quoi ça ? L'allemand était grand, brun, avec des yeux si noirs qu'on en voyait pas la pupille. Le truc de dingue. Il était torse nu sur le pas d'sa porte, un jean enfilé vit' fait et mêm'pas boutonné.
Ma nounou se gratta la gorge.
- Vous êtes bien Mr. Niklaus Bergmann ?
- Oui.
- Vous vous êtes engagé à loger notre élève pour une durée de huit mois.
Le dénommé Niklaus fronça les sourcils, puis soupira avant de se r'tourner et de lancer dans son appart' :
- 'Rica ! C'est toi qu'a commandé une lycéenne française ?
Il y eût une réponse étouffée et des pas, puis une jeune femme typée espagnole apparut à côté de l'allemand.
- Bonjour, dit-elle en me lançant un rapide regard, Vous êtes les françaises ?
- Oui, répondit l'autre, soulagée.
- Tu les connais ?, demanda le brun.
- Mais oui, Nik', je t'ai déjà dit qu'on d'vait accueillir une française aujourd'hui, t'as quoi dans la tête, un vide interstellaire... ?
Il grommela et elle nous sourit.
- Mais je vous en prie, entrez.
Elle repoussa le jeune homme et ouvrit largement la porte. Je remarquai alors que son ventre tirait sur son large tee-shirt blanc. Elle était enceinte. Et pas qu'un peu.
S'en suivit une rapide discussion avec la Madame du lycée, qui m'laissa aux bons soins de Niklaus, un peu plus réveillé.
- Tu veux visiter ?
- Oui.
- Suis-moi, j'vais t'montrer ta chambre.
Il m'entraîna vers l'escalier qui trônait au milieu de l'appart'. Un duplex. Génial.
Pour l'instant, on pouvait dire que l'Allemagne, c'était pas mal.
J'avais l'occasion de r'commencer une nouvelle vie, dans un nouveau pays, avec de nouvelles têtes.
'Fallait pas la louper.
Dix-huit marches, une longue pièce, cinq portes. Une déco qui m'plut tout d'suite. Un bordel monstre.
Niklaus ouvrit une porte.
- La tienne, c'est celle-là.
J'entrai dans mon nouveau chez moi.
- 'Rica et moi, on est à côté, poursuivit-il, Yu-chan est en face et Joshua, à côté d'elle.
- C'est qui les autres ?
- Les colocs. Là, ils sont en cours. Tu les verras c'soir. Installe-toi tranquille, j'te laisse.
- OK.
Il sortit de la chambre en refermant derrière lui.
Voilà. J'étais propulsée dans un monde à plusieurs inconnues. Niklaus Bergmann, 'Rica, Yu-chan, Joshua et appartement 303. Ca c'était les connus. J'allais aller loin. Mais ça m'plaisait.
La chambre aussi. Le grand lit deux places était juste sous la fenêtre. L'immense fenêtre. Pour voir les étoiles, ça allait être facile. Y'avait un bureau dans un coin, un fauteuil dans un autre et des placards. Tout était vide. Mais j'avais envie d'remplir. Pour commencer.
J'balançai mon sac sur le lit et ouvrai la fenêtre. Le bruit de la circulation monta aussitôt. J'avais vue sur les immeubles. Comme à Paris. Tant pis.
On frappa à ma porte, qui laissa apparaître l'espagnole enceinte et cette fois habillée.
- Luka ?
- C'est ça.
- Désolée de l'accueil, on s'est couchés tard hier.
J'lui souris.
- Pas grave.
- Tu peux descendre à la cuisine ? Nik' et moi, on doit mettre au point certaines choses pour toi.
- Bien sûr.
Je la suivis.
Elle avait l'air sympa, cette 'Rica. Comme Niklaus, d'ailleurs. J'verrais bien les autres ce soir. T'façons, c'était toujours mieux que mes parents.
J'chassai leur image de ma tête. C'était pas l'moment de penser à eux. J'allais m'reconstruire ici. Avec mes logeurs, So' et surtout Bill.
Parce que ma famille, elle se résumait plus qu'à ça et qu'j'aimais c't'idée.
Et que mes nouveaux points d'repères, c'était eux.
L'étage inférieur du duplex de 'Rica et Niklaus ne f'sait qu'une pièce. Immense. Un salon dernier cri avec une chaîne surpuissante. Je remarquai surtout la guitare qui prenait ses aises sur le canapé, élégante. Intéressant.
Accoudé au bar de la cuisine américaine, Niklaus nous attendait. 'Rica s'assit face à la table et j'me d'mandai comment son gros ventre pouvait passer en d'ssous. Pardon, c'est stupide, mais on s'fait toujours ce genre de remarques idiotes face aux femmes enceintes.
Elle sortit des papiers d'une chemise et nous fit signe de nous asseoir. On s'exécuta tous les deux, chacun à sa façon.
- Bon, fit 'Rica, D'abord, on va s'présenter, c'est la moindre des choses. Lui, comme t'as pu le comprendre, c'est Niklaus Bergmann et moi, je m'appelle Federica Jamirez. Il est allemand, je suis espagnole. Il a 24 ans, et moi 23.
- Et je suis le papa de la p'tite princesse qui dort là-dedans, ajouta Niklaus avec un grand sourire.
Futur papa-gâteau celui-là... Ca m'fit sourire.
- Les deux autres sont Yuhiko Shizu, une japonaise comme tu t'en doutes. Elle a aussi 24 ans. Joshua, lui, c'est le plus jeune, il a 18 ans. Anglais.
- Comment ça s'fait que vous vivez tous là ?, demandai-je.
- 'Rica et moi, on s'est rencontrés grâce au projet Erasmus, tu connais ?
J'acquiesçai.
- Comme on a emménagé ensemble, on a proposé de faire venir d'autres membres du projet chez nous. Mais toi, t'es là parce qu'on avait b'soin d'une cinquième personne.
- Pourquoi ?
- Le loyer. Ton bahut paye tout, c'est super pratique.
J'me retins d'éclater d'rire. Trop fort. Il était trop fort ce mec.
'Rica, un léger sourire aux lèvres, me demanda :
- Et toi ? Raconte-nous un peu qui tu es.
- J'm'appelle Luka. J'ai 17 ans. J'suis d'Paris. J'suis v'nue avec ma meilleure amie, qu'est trois étages en d'ssous.
Comme j'm'étais arrêtée, l'espagnole m'interrogea du regard.
- Rien de plus... ?
J'répondis pas. Niklaus intervint.
- Chacun sa vie, 'Rica, oublies pas. Bienvenue chez toi, Luka. On est ravis de t'accueillir.
- Merci.
Ils me sourirent. Ils f'saient vraiment un beau couple. Ils avaient l'air en parfaite harmonie. Y avait longtemps qu'mon air avait pas respiré l'amour comme maint'nant. J'me laiss'rai attendrir, si j'étais pas moi.
- Bon, reprit 'Rica, 'Faut qu'on voit divers trucs sur la paperasse. C'est chiant, mais nécessaire.
Je lui souris.
Je l'adorais déjà.
- Comme t'es v'nue avec le bahut, on doit faire des rapports réguliers sur tes allées et v'nues, tes notes, tes occupations... Gonflant pour toi et pour nous.
'Rica faisait passer les papiers de sa main gauche à sa main droite, l'air absorbé.
- Alors j'te propose un deal.
Je levai un sourcil interrogateur. Niklaus bailla bruyamment.
- Tu prévois d'aller sérieusement au lycée ?
- J'assisterai à la majorité des cours, si c'est c'que vous voulez savoir.
- Tutoies-moi. J'imagine que tu veux pas rentrer directement après...?
- T'imagines bien.
- Tu vas traîner avec ton amie ?
- Ouais, entre autres.
- Voilà le deal : c'est simple, tu veux sortir le soir, pas de problème, tu nous préviens juste et tu nous dis où tu vas, pareil si tu découches. T'es quand même sous notre responsabilité. Ca t'va ?
- C'est clean.
- Pour tes notes, t'en fais pas, le bahut allemand passe obligatoirement par nous, c'est facile de trafiquer un peu.
- T'es cool, Federica.
Elle eût un sourire.
- Aujourd'hui, oui. J'dis pas demain.
Niklaus rigola doucement, avant de se redresser et de déclamer d'un ton solennel :
- Luka, tu fais c'que tu veux, du moment que tu nous tiens au courant.
- C'est vraiment sympa de vot' part.
- On est jeunes nous aussi, on sait bien qu'les profs c'est que des emmerdeurs.
Je souris.
La liberté, ils me l'offraient sur un plateau, ces deux-là.
J'allais aimer vivre ici. Parce que ça sentait la joie d'vivre et qu'les sourires, ils inondaient l'appartement comme les étoiles parsemaient le ciel.
Pour moi qui m'sentait en mal de vivre depuis si longtemps, ça représentait beaucoup.
La promesse certaine d'un havre de paix.

Tu sais ma Rob'...
Les jours comme aujourd'hui, y'a plus qu'tes mots pour calmer un peu mes larmes.
Alors merci.

Alors, pour que tes larmes soient encore plus sèches, je t'aime et t'en donne d'autres.
Nik' arrive, alors tout va mieux.

J'avais laissé 'Rica et Nik' à la cuisine. Remontée dans ma chambre, je sortis mon portable. 'Fallait qu'j'entende sa voix.
La sensation de manque, j'supportai pas. Deux heures avaient passé. Trop.
- Ja ?
Si douce, cette voix.
- C'est moi...
- Je sais.
- J'suis arrivée à mon appart'.
- Ah ? C'est bien ?
- Ouais, les logeurs sont super cools.
- C'est où ?
J'lui donnais le nom d'la rue. J'l'avais ret'nu en prévoyance. Pas bête, la guêpe.
- Tu déconnes... ?
- Non, pourquoi, tu connais ?
- Un peu ! Le studio est une rue plus loin.
- Sérieux ?
- Descends, j'arrive.
- Mais, B...
Il avait d'jà raccroché. Le gamin. Vous m'direz, j'étais pas mieux.
Le truc de fou. Il travaillait juste à côté d'mon chez moi.
C'est le hasard ? Le destin ?
J'me marrais en dévalant les escaliers de l'immeuble.
J'avais prétexté un repérage des environs. J'pouvais pas dire à des nouveaux v'nus dans ma vie qu'j'étais amoureuse d'un des allemands les plus connus du moment.
J'poussai la porte vitrée et m'élançai en courant dans la rue.
J'ai des réactions bizarres, moi, ces derniers temps.
... Pas grave.
Une main me stoppa en pleine course et me tira derrière un escalier de service.
Aussitôt, j'sentis des lèvres sur les miennes.
Pas b'soin d'ouvrir les yeux pour savoir qui j'embrassais.
C'était doux. C'était magique. C'était étoilé.
Ca pouvait être que lui.

Niuuuuuu c'est étoilé, tout à fait =)

- Lukaaaa !
Un guitariste taille 56 me fonça droit d'ssus, pour se jeter sur moi. J'le réceptionnai tant bien qu'mal en évitant de m'casser la gueule et lui tapotai le dos.
- Moi aussi, j'suis contente de t'revoir, Tom...
Je lançai un regard empli de profonde pitié à Bill, qui éclata de rire.
Tom me libéra et dit avec un sourire joyeux :
- Alors ça y est, tu viens vivre avec nous ?
Je haussai un sourcil.
- Pas tout à fait, non...
- On va s'voir tous les jours, c'est cool !
- Tom, intervint Bill.
Et il débita une longue tirade en allemand à laquelle je captai que dalle.
Allez suivre l'un des allemands les plus babillards du monde alors que vous savez à peine aligner deux mots de sa langue.
- Bon, fit le blond l'air taquin, Mon frère a peur que j'te monopolise, alors j'me fais gentiment remettre à ma place...
- Derrière une guitare, je suppose ?
- Tout à fait.
Il sortit de la pièce après m'avoir saluée bien bas.
Retour en arrière.
J'me trouvais dans les studios d'Universal. Et ouais, rien qu'ça. Bill voulait me présenter le reste de la folle équipe et avait apparemment promis à Tom de m'amener ici. Il semblait que le mec aux dreads qui faisait chavirer le coeur de tant de filles s'était attaché à moi.
Là, il nous avait abandonnés dans c'que Bill avait joliment nommé "la boîte à musique". Autrement dit, la pièce où tous les instruments du studio prenaient leur pause.
Mon chanteur se tourna vers moi.
- Tu m'attends là deux s'condes, j'vais préparer le terrain ?
- Pas d'problème, j'f'rais pas d'bêtises, promis.
Il sourit et effleura mon front du bout des lèvres pour disparaître par la même porte que son jumeau.
Je soupirai. Comblée. Enfin presque.
J'me r'tournai pour regarder un peu c'qui m'entourait. Et là, pincement au coeur.
Un piano. Noir. Classe. Magnifique.
J'en avais pas approché un depuis très longtemps.
J'laissai glisser ma main sur le bois couleur d'ébène. Légèrement tiède.
Ce simple contact me serra la gorge.
C'était quoi, ça ? D'l'émotion ?
Mais j'croyais que j'connaissais plus... Y a juste la guitare de So' qui m'avait fermé les yeux et fait courir un frisson sur ma peau.
Il était beau, ce piano.
Mais encore trop beau pour que j'ose.
Parce que moi, à l'intérieur, la beauté, elle m'éblouissait.
Un peu comme la douceur que j'voyais dans les yeux de Bill.
J'prenais une grande inspiration. Plus tard.
Quand j'me sentirais capable.
Donne-toi le temps, p'tite frappe.
Tu peux pas te reconstruire en quelques semaines.
Même si elles étaient magiques.
Donne-toi le temps.
- Luka ?
Je relevai la tête. Bill me regardait avec un sourire.
Perdue autre part qu'ici, j'l'avais pas entendu arriver.
- Ca va ?
- Oui...
Il me prit par la taille et m'embrassa.
Oui, là, c'est sûr, ça pouvait qu'aller...
- Ils font une pause, là, tu viens ?
- Bien sûr.
Et j'me laissai emmener vers le studio d'enregistrement. Au moment où on y entrait, Georg jouait encore, un casque sur les oreilles, d'l'autre côté d'la vitre.
Classe, sa basse. J'devais bien avouer qu'il avait un putain de feeling.
On restait silencieux à écouter. Quand il termina, pas d'applaudissements, même s'il aurait mérité, juste un merci et l'annonce de la pause. Le musicien se redressa et posa doucement son instrument contre le mur.
Alors les trois hommes assis derrière les platines se retournèrent vers moi d'un même mouvement, un sourire aux lèvres. Ils durent vanner Bill en allemand, parc'que tous les germanophones présents se marrèrent suite à une remarque d'un brun.
- Luka, fit Bill en reprenant son sérieux, J'te présente David, Peter et Vinzens. Les deux premiers sont nos producteurs, et le pauvre type, là, c'est l'ingénieur du son.
- Tu sais c'qu'il te dit, le pauv' type..., grinça Vinzens.
- Oui, j'ai aucune peine à le d'viner...
Ils se marrèrent encore.
Et bien... Dans quelle ambiance ça devait travailler...
- Gustav et Georg, tu dois les connaître.
- Plus ou moins...
Les deux autres me sourirent.
- Les gars, voici Luka, ma copine.
J'eus droit à un salut généralisé qui les fit de nouveau rire. C'était agréable à voir tous ces sourires. C'est l'Allemagne qui f'sait ça ? Idée plaisante, puisque j'allais y vivre huit mois.
" Ma copine". Il l'avait dit si simplement. Il avait pas honte. Il avait pas peur de dire aux autres c'qu'il ressentait.
Je l'admirais, Bill. Beaucoup plus pour ce qu'il était que pour ce qu'il incarnait.
Il était loin d'être parfait. Mais ses qualités ne se comptaient pas sur les doigts de la main.
Maintenant, est-ce que j'étais vraiment objective ? Peut-être pas. Mais au fond, je m'en foutais pas mal...

Je l'aime, c'te fic', truc de fou !
J'ai hésité à aller la lire sur la PO c't'aprem, mais elle est tellement plus belle ici, découverte petit à petit =)

L'après-midi avait filé.
Vitesse lumière.
J'avais encore du mal à rire, même avec Bill, mais j'avais fait l'plein de bonne humeur. Et de musique.
La pause avait duré tout l'temps qu'j'avais été là. Pour finalement se transformer en mini-concert improvisé. Voir David Jost au micro, posé sur la guitare miraculeuse de Tom. J'étais p't'être bien la seule étrangère au groupe à avoir vu ça.
Ca avait été magique. Simple. Mais magique.
Puis le jour avait décliné, et il avait bien fallu que je m'rentre. Pour pas inquiéter 'Rica et Nik'.
Bill me laissa partir à regrets, mais me raccompagna quand même jusqu'au sous-sol.
J'aime pas les au-revoirs.
J'préfère les retrouvailles.
Mais les retrouvailles après les au-revoirs sont encore meilleures.
J'grimpai les escaliers quand mon portable vibra. J'm'arrêtai. Ma pauvre So'.
- Oui ?
- Lâcheuse.
- Pardon...
- T'étais où ?
- J'ai fait un tour en ville.
- Toute seule ?
- Oui.
- Pourquoi tu m'as pas appelée ?
- Désolée, So'.
Gros soupir à l'autre bout.
J'savais qu'elle m'en voulait pas. Elle me connaissait assez pour savoir qu'c'était normal chez moi.
- Demain, j'te promets.
- Je sais. Tu fais quoi, ce soir ?
- J'rencontre les autres locataires de mon appart'. Elle est sympa ta logeuse ?
- Une crème. Mais un peu stricte.
J'me fis soudain bousculer par un mec qui grimpait les marches en courant.
- Pardon !, me lança-t-il en allemand sans s'arrêter.
Je hochai la tête pour lui dire qu'c'était pas grave et repris So'.
- On s'voit demain alors ?
- OK, bonne nuit.
- Toi aussi, my dear.
J'raccrochai. J'finis de monter quelques marches et me rendis compte que mon bousculeur m'avait attendue.
- T'es anglaise ?, me d'manda-t-il sans plus de préambules.
Il n'avait aucun accent.
- Pas exactement, répondis-je.
- J't'ai jamais vue avant, t'habites ici ?
- Depuis c'matin.
Son visage s'illumina.
- Luka ?
Oula. C'était quoi ce trip ? Qui c'était lui ? Qu'est-ce qu'il cherchait ?
- T'es qui, toi ?
Il s'avança vers moi et me tendit la main. J'reculai et descendis d'une marche.
- Hey, fit-il surpris, Te braques pas ! J'm'appelle Joshua. J'habite avec toi.
Je l'reconsidérai de haut en bas. Jean délavé, veste de costard, cheveux châtains en bataille. Un regard bleu qui te transperçait.
Pas mal.
Mais j'connaissais mieux.
J'lui serrai la main.
- Enchanté, dit-il avec un sourire colgate.
J'eus un sourire en coin et lui lançai un regard provocateur.
- J'suis pas encore sûre...
Joshua me lança un regard en biais. Il devait avoir compris que j'aimais pas ses manières.
- Bon..., soupira-t-il, On monte ou on reste plantés comme deux cons au milieu des escaliers ?
- Pourquoi t'as pas pris l'ascenseur au lieu de te taper les cinq étages à pieds ?
- Pourquoi toi tu l'as pas fait ?
- J'suis pas obligée de répondre.
- Moi non plus.
- On monte.
Il fronça un sourcil. Puis se r'tourna pour grimper devant.
Avec lui, ça sentait le clash. Il avait un p'tit queq'chose d'arrogant qui m'agaçait.
Si les émotions positives, j'mettais du temps à réapprendre, les négatives, elles, elles m'avaient jamais quittées.
Et j'étais sûre qu'il serait un des premiers à en subir les conséquences.
L'anglais ouvrit la porte et s'écarta pour m'laisser passer la première.
- Charmant..., ironisai-je.
- J'te connais pas encore assez pour te dire que j't'emmerde...
Je ne pus retenir un sourire.
Petit enfoiré. J'allais lui en faire baver.
C'était décidé.
- Aaaaaaaah, notre tombeur préféré a déjà fait connaissance avec Luka à c'que j'vois !
Niklaus se jeta littéralement sur Joshua, à peine rentré dans le salon, et lui ébouriffa vigoureus'ment les ch'veux. Le "tombeur" se dégagea et grommela :
- Quelle perspicacité, Nik'... Tu m'étonneras toujours...
Le plus vieux lui colla une tape derrière la tête et se tourna vers moi.
- Alors, Luka, ce p'tit tour ?
- Agréable...
- Yu-chan finit de nous concocter un r'pas typique. On fête ton arrivée.
- C'est gentil.
Il me sourit, je lui rendis. Joshua eût une toux bizarre dans laquelle j'perçus quelques mots, sans comprendre. Je dis d'un air dégagé :
- La stupidité prends froid, 'faudrait la couvrir...
Cette réplique me valut un regard noir. Nik' éclata de rire et me prit par le bras.
- Allez, v'nez les gamins, c'est bientôt prêt !
- Dis, Nik', tu penses à aut'chose que ton estomac de temps en temps... ?, le piqua Joshua.
- Oui, mon petit Josh, je pense aussi à t'en coller une...

Joooosh =)
M'manquait, c'te tete de con =)

Yuhiko était le calme à l'état pur. Rien que d'la regarder on s'sentait apaisé. Elle avait des yeux noisette où pétillaient des éclats d'or. C'était une jeune femme petite et frêle, mais son regard en disait long sur son tempérament. La tempête arrivait tard, mais lorsqu'elle arrivait, mieux valait courir s'abriter.
Tous les cinq réunis autour de la table de la cuisine, les discussions et les rires emplissaient la pièce.
Des r'pas comme ça, j'connaissais plus.
On s'était enfermés dans une bulle de bonne humeur. Un peu comme au studio cet après-midi.
Alors qu'un bref silence gourmand s'était installé, j'demandai :
- La guitare qu'était dans l'salon, tout à l'heure, elle est à qui ?
- A moi, répondit Nik', Pourquoi ça t'intéresse ?
- L'amie avec qui j'suis v'nue, elle est guitariste aussi.
- Ah ?, fit Yuhiko, Et toi aussi tu fais d'la musique ?
- J'chante sur sa guitare. Comme ça. Dans la rue.
- C'est vrai ?, fit Nik' d'un air intéressé, Et ça donne quoi ?
- J'sais pas trop. Tu crois vraiment que j'peux t'dire si j'sais chanter ou pas... ?
- Moi, j'pourrais t'dire, intervint 'Rica, J'suis prof' de chant.
- Et accessoirement chanteuse dans notre groupe, ajouta Joshua.
- Vous avez un groupe ?
- Guitariste !, annonça Nik'.
- Bassiste, suivit Joshua.
- Chanteuse, enchaîna 'Rica.
- Batteur..., sourit Yuhiko, désespérée d'voir ses amis si gamins.
J'étais étonnée que ce soit elle, le batteur. Je l'imaginais pas s'déchainer derrière des caisses. A voir.
J'surpris un regard conspirateur entre Niklaus et Federica.
- Mais on a un problème, fit le brun, l'air embêté, C'est qu'avec la p'tite princesse, 'Rica peut pas chanter. Ca fait quelques mois que l'groupe tourne plus. Ca t'dirais pas d'nous aider ?
Joshua s'étrangla dans sa soupe miso.
La décision me vint aussitôt tout à fait naturellement.
- Bien sûr.

Niklaus avait du secourir le pauvre Joshua pour qu'il ne meure pas étouffé.
J'les connaissais pas encore assez pour rire avec eux, mais c'était pas l'envie qui m'en manquait.
On pouvait dire que Joshua était un phénomène. L'animosité qui nous animait tous les deux me plaisait. P't'être bien qu'au fond, lui aussi, il m'plaisait bien.
Il m'attirait, mais pas comme un homme. C'était pas d'l'attirance, c'était plutôt de l'attraction. Sa personnalité plus que son physique.
Il m'énervait. Je pouvais que l'apprécier.
J'avais découvert une salle de bain dans mon placard. Oui, je sais, c'est étonnant, mais la porte se trouvait au fond de la penderie. C'était original. J'la partageais avec Niklaus et Federica.
Une douche rapide et au lit. J'étais épuisée. Trop remplie de sourires. Des sourires des coeurs, des yeux, des lèvres er des âmes. J'aimais not' joyeux mélange de personnalités.
Demain soir, on allait faire les essais avec le groupe, histoire de voir c'que j'valais.
J'm'en voulais un peu d'avoir accepté vis-à-vis de So'. Mais elle comprendrait. Et j'suis sûre que Niklaus lui passera bien un peu la guitare quand sa p'tite princesse sera née. Dans un mois apparemment.
Allongée sur mon lit, j'avais laissé ma f'nêtre entrouverte. On voyait quelques étoiles au-dessus de Hambourg. C'était mieux qu'à Paris. Même si j'regrettais un peu mon paradis.
Mais ici, j'avais trouvé un bon substitut. Et dedans, j'étais plus seule.
Mon portable vibra. J'tendis le bras et l'attrapai. Je souris.
- Oui ?
- Tu vois les étoiles ?
- Oui.
- J'voudrais les r'garder avec toi.
- J'dirais pas non...
- Mais j'peux pas.
- Ca t'amuse, les faux espoirs... ?
- 'Scuses... J'voulais juste entendre ta voix.
J'fermai les yeux et n'répondis pas. La sienne me f'sait toujours autant de bien.
- Luka ?
- Mmm... ?
- Il était beau ton sourire, aujourd'hui.

Une petite dernière et au dodo ! Bonne nuit !

J'me laissai tomber sur les marches. So' s'assit un peu élégamment à côté de moi et sortit sa guitare. Gratouill'ments d'exercice et elle fredonna "Rape me".
- Tu chantes à ma place... ?, fis-je avec un sourire.
- Noooon, arrêtes, il fait beau ! Ca s'rait bête que j'fasse tomber la pluie.
- J'aime bien la pluie...
Mais toi So', t'es si rayonnante que même l'soleil, il doit être jaloux. La pluie, elle est pas faite pour toi.
- S'il pleut, on peut pas jouer, très chère.
- C'est problématique...
Elle continuait de gratter et je regardais ses doigts danser sur les cordes.
J'avais pris une décision c'matin en m'levant. J'devais m'y t'nir.
- So'...
- Moui... ?
- Tu t'souviens que tu m'avais dit que tu t'étais bien rendue compte que Bill me plaisait ?
- Moui...
- Et que si j'sortais avec lui, 'faudrait que j't'arrange un coup avec Tom ?
- Moui...
- J'vais voir c'que j'peux faire.
- Mmm... Sympa...
Les doigts cessèrent alors de danser et elle releva la tête.
- Attends, tu peux répéter là ?!
Je lui souris.
- Tu...
J'acquiesçai.
- Depuis quand ?
- Le lendemain de "Der letzte Tag".
- Le lendemain ?! Toi... Que ?!... Tu te tapes Bill Kaulitz ?!
- Cries pas trop fort, So', on sait jamais.
- Mais... C'est... Wow... Je... Raaaaah, pourquoi tu m'l'as pas dit plus tôt ?
- J'étais pas sûre que ce soit une bonne chose.
- T'es toujours avec lui ?
- A ton avis, pourquoi on est ici ?
- J'en étais sûre ! Enfin, non... Si ! Raaaaaaah, mais tu m'embrouilles !
Je souris de plus belle. Ca la retournait apparemment. Elle inspira un grand coup, reprit sa guitare et son calme et m'demanda d'un ton extra-sérieux :
- T'as rencontré Tom, depuis ?
- Il te trouve super-mignonne...
Rouge tomate. Je n'pus retenir un p'tit rire. Complèt'ment confuse, ma So'.
- Quand j'le reverrais, j'lui donnerais ton numéro et j'verrais si j'peux t'amener avec moi, la prochaine fois...
- Arrête... Tu t'rends compte de c'que tu dis ? Tu sors avec Bill Kaulitz, le chanteur qui fait tourner la tête de milliers d'filles et tu m'proposes de filer mon numéro de portable à son jumeau d'guitariste qui n'a aucun scrupule à en faire autant... C'est dingue...
- C'est des gens normaux, So'. Ils sont géniaux, mais normaux.
- J'sais... Mais c'est dingue quand même...
- Allez, joues, ça t'aidera à assimiler.
Je m'levai et me mettais à chanter "Rape me" à mon tour. Les accords de So' me rejoignirent bientôt.
Sûr, que c'était dingue. J'venais d'en prendre plein'ment conscience.
J'voyais pas Bill comme un chanteur célèbre. Mais c'était pourtant c'qu'il était.
Et j'le savais pas encore à c'moment-là, mais c'est à cause de cette célébrité que j'me retrouve là, aujourd'hui.

Dis, ma Vie, on les regardera ensemble, une nuit, les étoiles d'accord ?
T'façon, meme s't'es pas d'accord, t'auras pas l'choix=)

Bonne nuit, ma Belle.
je t'aime =)

Et vive ce sans-scrupules de Tom =P

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